Les cancers du côlon et du rectum
Ce sont les plus fréquents des cancers digestifs chez les non-fumeurs, en France, en Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord.
Quelques chiffres :
On dépiste chaque année 25 000 nouveaux cas en France ;
Le cancer du colon et du rectum touche en Europe 20 à 35 personnes pour 100 000 habitants.
Causes et facteurs de risque
Une meilleure connaissance des facteurs prédisposants aux cancers rectocoliques (constitutionnels ou acquis), devrait permettre d'améliorer leur prévention et rendre leur dépistage plus précoce.
Il existe en effet une prédisposition familiale aux cancers du côlon dans certains cas. Les polyposes rectocoliques ont fait l'objet d'études très poussées : dans la polypose rectocolique familiale le risque de transformation cancéreuse est de 100 % chez les sujets de plus de 40 ans.
Le cancer colique familial sans polypose est moins connu (syndrome de Lynch). Il est caractérisé par l'âge jeune du sujet, la forte proportion de cancers du côlon droit, l'association fréquente à un cancer génital chez la femme.
La rectocolite hémorragique favorise le développement des cancers rectocoliques. La maladie de Crohn dégénère beaucoup plus rarement.
Les études épidémiologiques montrent qu'une alimentation riche en fibres et en légumes verts réduit le risque de développer un cancer colique. Au contraire, un apport calorique élevé, une vie sédentaire et un excès de poids sont des facteurs de risque. Les matières grasses animales, les viandes grasses, certaines hydrates de carbone favoriseraient ces cancers, mais ces données doivent être confirmées.
Les cancers du côlon
Les signes de la maladie
Les signes révélateurs du cancer colique sont le plus souvent banals :
Des douleurs à type de coliques intestinales intermittentes avec ballonnement pouvant durer 1 à 2 jours et suivies d'une débâcle diarrhéique fétide (syndrome de Koenig) ;
Des sensations de flatulence, pesanteur, ballonnement abdominal ;
L'alternance de diarrhée et de constipation ;
Une altération de l'état général (fatigue, manque d'appétit, notamment pour les viandes, amaigrissement, petite fièvre) ;
Une anémie hypochrome (traduisant un saignement occulte) ;
Des traces de sang noir dans les selles (melaena ) ;
Des émissions de sang rouge ou de mucus pendant ou après les selles...
L'hémorragie rectale est un signe d'alerte très important. La recherche de sang dans les selles peut se faire au moyen de l'Hémoccult . Ce papier réactif permet de déceler des quantités minimes de sang dans les selles.
Trois selles doivent être examinées pour pouvoir tirer une conclusion de cet examen. On dispose au moyen d'une spatule une particule de selle fraîche sur le disque de papier. La révélation est faite quelques heures ou jours plus tard avec 2 ou 3 gouttes d'une solution alcoolique d'eau oxygénée. Une réaction positive entraîne une coloration bleue ou bleu-vert en moins de 30 secondes.
Le régime sans viande n'est pas nécessaire étant donné le seuil de sensibilité du test. Il faut par contre exclure :
L'aspirine et les aliments riches en peroxydases (radis, navet, sardine, saumon, ananas, banane) sources de faux positifs ;
La vitamine C, source de faux négatifs.
Un examen par Hémoccult est recommandé chez certains sujets, et devant des symptômes évocateurs, voire dans toute la population après cinquante ans selon certains avis.
Evolution de la maladie
Dans la moitié des cas, les cancers coliques ne sont reconnus qu'à l'occasion d'une complication :
Occlusion intestinale aiguë par obstruction installée progressivement avec coliques. C'est un accident qui survient en général après plusieurs crises de subocclusion suivies de débâcles de selles liquides ou après une période de constipation prolongée. L'occlusion se manifeste par des vomissements, un arrêt des matières et des gaz et un ballonnement abdominal ;
Suppuration néoplasique : évoluant vers l'abcès autour de la tumeur ;
Péritonite par perforation du côlon ;
Ouverture (fistulisation) dans un organe creux contigu : vessie...
La tumeur va s'étendre :
D'abord localement : peau, anses de l’intestin grêle, vessie ;
Ensuite dans les organes lymphatiques ;
Enfin à distance : métastases (localisations secondaires) hépatiques, péritonéales (ascite), pulmonaires, cérébrales...
Examens et analyses complémentaires
La coloscopie et la rectoscopie avec biopsies, la sigmoïdoscopie à fibres optiques souples permettent d'affirmer le diagnostic en visualisant la tumeur et en permettant l'analyse de prélèvements (biopsie). L’examen radiologique par lavement baryté en double contraste après lavements évacuateurs permet de voir les lésions typiques du cancer : images de rétrécissement ou de lacune.
Le bilan d'opérabilité commence par une évaluation clinique et paraclinique de l'extension du cancer, tout en sachant que le dernier mot reviendra à l'examen ventre ouvert durant l'intervention chirurgicale.
Ne pas confondre avec...
Un fécalome (amas de matières fécales desséchées) ;
Une tumeur bénigne ;
Une maladie de Crohn ;
Une sigmoïdite ;
Une endométriose...